EXORCISME ET EXORCISTE


Une fois n'est pas coutume, nous n'allons pas commencer par dire ce qu'est un exorcisme, un exorciste, mais surtout, ce qu'il n'est pas !

Un exorciste n'est pas un magicien, un mage, un voyant, un homme ayant des pouvoirs par lui-même, un sorcier, un marabout ou un gourou. L'exorciste n'est pas non plus un médecin.

L'exorcisme n'est pas un rituel magique, un distributeur automatique où, en échange de telle prière, j'obtiens obligatoirement telle ou telle prestation.

Le recours à l'exorcisme (et à l'exorciste) avec à l'esprit une mentalité "magique" n'est pas une bonne approche.

L'exorciste, est-il un médecin, un psychiatre ?

Non. Certainement pas. C'est pourquoi, nous demandons toujours aux personnes qui s'adressent à nous si elles ont déjà consulté un médecin, qu'il soit généraliste ou psychiatre. En cas de pathologie diagnostiquée, nous invitons toujours la personne à poursuivre son traitement. Nous nous refusons systématiquement d'intervenir auprès de patients atteints de maladies mentales, vulnérables ou en état de faiblesse. Nous ne pourrons les aider et, même si ces personnes veulent nous cacher leur pathologie, nous arriverons toujours à la déceler tôt ou tard et notre intervention ne pourra être qu'inefficace. Si la médecine s'avère impuissante, alors nous pouvons éventuellement intervenir.

Mais alors, de quoi s'agit-il ?

Pour le comprendre, il faut revenir à Jésus-Christ, Notre Sauveur, Notre Rédempteur, le Verbe fait chair, la parole de Dieu, la Parole du monde. Jésus-Christ est venu délivré l'humanité de la domination du mal et du péché. Par le mystère pascal de la mort et de sa résurrection, le Christ a affronté les puissances mauvaises et a détruit leur empire, en libérant toute chose de leur contagion maligne. Il s'est fait proche des personnes souffrantes, faisant sienne la misère des hommes jusqu'à souffrir avec eux et pour eux : "Je suis venu pour qu'ils aient la vie" (Jean 10:10). Par le baptême, en s'engageant à renoncer au péché et à Satan, à tout ce qui détourne de Dieu et divise, le chrétien participe à la victoire du Christ. Il s'oriente avec lui vers la lumière qui permet de connaître Dieu, Père miséricordieux.

Le prêtre exorciste a pour mission d'accueillir, au nom de Jésus-Christ, des personnes en souffrance qui se pensent victimes de maléfices ou se sente sous l'emprise du démon. Il les écoute et discerne avec elles l'origine de leur mal-être, prie avec elles, et sur elles et en cas de réelle possession, célèbre un exorcisme. Une charte a été établie pour définir cette mission.

Cette autorité sur les démons, Jésus l'a transmise à ses disciples comme nous le montre l'Evangile : "Ayant convoqué les Douze, Jésus leur donna puissance et pouvoir sur tous les démons et sur les maladies pour les guérir" (Saint Luc 9:1) et encore ici : "Ils expulsaient beaucoup de démons, ils oignaient d'huile beaucoup d'infirmes et ils les guérissaient" (Marc 6:12). "Les soixante-douze envoyés revinrent plein de joie et dirent : Seigneur, même les mauvais esprits nous obéissent quand nous leur donnons des ordres en ton nom.

Jésus leur répondit : "Je voyais Satan trembler du ciel comme un éclair. Ecoutez. Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et d'écraser toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous faire du mal. Mais, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits mauvais vous obéissent ; réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux" (Luc 10:17-20).

Ainsi Jésus, après avoir créé son Eglise, a donné aux Apôtres "puissance et pouvoir sur tous les démons". C'est cette autorité conférée par Jésus qui est toujours à l'œuvre dans l'Eglise de nos jours et ce sont les successeurs des Apôtres qui en sont les garants. Hélas, de nos jours, ce sujet dérange et il arrive qu'il n'y ait pas d'exorcistes dans certains territoires. Heureusement, il existe, tout de même, quelques exorcistes. C'est ce dernier que vous rencontrerez si besoin est.

A ce stade de notre exposé, je crois indispensable de préciser le point suivant. Les prêtres agissent au nom de Jésus-Christ, engagent leur ministère par leur action.

Pourquoi cette procédure ? Pourquoi seulement des prêtres ?

Entre autre pour ces raisons :

- Il ne faudrait pas tomber "entre de mauvaises mains" mal intentionnées et qui, au lieu de travailler à la gloire de Dieu, travailleraient pour leur propre compte ou pire, seraient au service du démon.

- Certains pourraient être tentée d'abuser de la faiblesse des personnes en leur extorquant des sommes considérables, à l'instar de mages, sorciers, médiums, guérisseurs, voyants, gourous divers et variés.

- Garantir la qualité et le sérieux, la formation adéquate et la probité du prêtre qui intervient. Ce ministère est, en effet, un ministère de discernement, lequel est parfois difficile à poser. Faire la part des choses entre ce qui relève de la maladie (physique ou mentale) et de ce qui relève de l'action du démon n'est pas chose aisée.

- Même une personne bien intentionnée, mais mal formée pourrait faire bien des dégâts auprès de personnes souffrant, en fait, de maladies relevant de la seule psychiatrie.

- Du danger qui guette la personne non avertie qui "jouerait avec le feu" comme nous le montre cet extrait des Actes des Apôtres :

"Quelques juifs qui allaient d'un endroit à l'autre et chassaient les esprits mauvais hors des maladies essayèrent aussi d'utiliser le nom du Seigneur Jésus pour les faire sortir.

- Je vous ordonne de sortir au nom de ce Jésus que Paul prêche ! (ceux qui agissaient étaient les septs fils d'un grand prêtre nommé Scéva).

Mais l'esprit mauvais répondit :

- Je connais Jésus et je sais qui est Paut ; mais vous qui êtes-vous ?

Et l'homme possédé de l'esprit mauvais se jeta sur eux et se montra plus fort qu'eux tous. Il les maltraita avec une telle violence qu'ils s'enfuirent de sa maison nus et blessés." (Actes 19:13-16).

Comment fait-on pour contacter un prêtre exorciste ?

En fait, la toute première chose à faire est de se tourner vers Dieu, de lui parler, c'est à dire : prier. C'est dans la relation à Dieu que doit s'inscrire tout appel au cours. Quiconque vivant ce qu'on peut appeler un combat spirituel commencera par aller voir un prêtre (un peu de la même manière que vous allez, tout d'abord, chez votre médecin généraliste...).

Dans l'écrasante majorité des cas, son intervention pourra vous aider efficacement et le recours à l'exorciste ne sera pas nécessaire. Cette manière de faire peut vous sembler compliquée, mais la qualité et la sécurité de leur intervention est à ce prix (vous n'irez pas vous faire opérer chez le rebouteux du coin, mais chez le chirurgien, même s'il faut prendre rendez-vous pour cela...).

A ce stade, je pense qu'il est clair pour tout le monde, que c'est Jésus-Christ qui libère du démon. Le prêtre est son serviteur, il agit en son nom, engageant toute l'Eglise dans le combat. La personne doit faire acte de volonté, autrement dit de conversion vers Dieu, vers Jésus-Christ qui triompha définitivement du malin sur la croix. On ne redira sans doute jamais assez l'importance de la prière adressé à Dieu avec foi. Lors de votre rencontre, le prêtre exorciste devra faire la part des choses dans ce qui vous arrive, c'est-à-dire exercer ce qu'on appelle un discernement. Aussi, ne soyez ni surpris ni vexé s'il décide de prendre des avis complémentaires en vous invitant à consulter un psychiatre par exemple. Jésus-Christ étant mort sur la crois pour que tous les hommes soient sauvés, les prêtres exorcistes peuvent venir en aide à tout être humain, quelle que soit sa religion.

Dans son livre "Exorcisme et psychiatrie", Dom Gabriele Amorth, ancien exorciste du Diocèse de Rome, nous explique "le chemin à suivre".

1. Avant tout autre chose, il est nécessaire de vivre dans la grâce et d'éliminer les obstacles de la grâce. C'est pourquoi, la première des choses à faire est une bonne confession. Si l'on vit dans un état ordinaire de péché, il faut remédier à cette situation. S'il y a obstacle à la grâce (le plus fréquent étant de ne pas pardonner du fond du cœur), il faut l'éliminer.

2. Il faut vivre l'eucharistie, dont je rappelle les trois aspects : la Messe, la communion, l'adoration eucharistique. Nous devons dire clairement que les quatre moyens déjà cités, et le suivant ont bien plus de force et de valeur qu'un exorcisme. Les gens sont le plus souvent paresseux : ils veulent que les autres interviennent et les délivrent de leurs problèmes. Or, ce qui manque dans la plupart des cas, c'est l'implication personnelle.

3. Il faut prier. Il est logique que tous les moyens soient utilisés, non pas successivement, mais en fonction de la nature de chacun. C'est pourquoi, la prière doit être quotidienne faite avec foi, et on doit y consacrer un certain temps. Toutes les prières sont bonnes, même celles que l'on invente. Les prières bibliques ont une efficacité particulière évidente, de même que le Rosaire qui a vraiment un pouvoir incroyable.

4. Les prières de libération. Elles ont un double effet, c'est pourquoi elles sont parfois aussi efficaces qu'un exorcisme. En général, on fait des prières de guérison et de délivrance. Dans les cas ne nécessitant pas une guérison, elles sont particulièrement adaptées. Dans les cas considérés comme "mineurs", ces prières peuvent être suffisantes pour la délivrance, les exorcismes étant réservés seulement aux cas les plus graves.

5. Les exorcismes. L'exorcisme n'a pas comme seul but de chasser les démons. Il est également profitable contre l'influence du Malin, d'où son utilisation dans cas de possession, mais également d'influence démoniaque. Généralement, nous demandons d'abord que la personne ait une vie de prières et fréquente les sacrements comme il se doit et, de plus, qu'elle soit présentée par un prêtre ou un groupe de prières, après une série de prière de libération. Cependant, il faut toujours, même pendant les exorcismes et une fois que la guérison et la délivrance ont été obtenues, que la personne vive pleinement sa vie chrétienne, soit extrêmement fidèle à la prière, à la messe, aux sacrements, à l'enseignement religieux. Si cela fait défaut - tous les exorcistes ont pu le constater - les libérations sont provisoires et les rechutes douloureuses.

Et après un exorcisme ?

Comme cela a été déjà dit plus haut, il faut absolument après un exorcisme la personne reprenne une vie de foi ; c'est à dire qu'elle prie tous les jours le Seigneur avec confiance, qu'elle assiste à la Messe, qu'elle communie régulièrement.

Faute de quoi, il peut arriver ce qui est décrit dans ce passage de l'Evangile: "Lorsqu'un esprit mauvais est sorti d'un homme, il va et vient dans des endroits desséchés en cherchant un lieu où se reposer. S'il n'en trouve pas, il se dit : "Je vais retourner dans ma maison que j'ai quittée". Il y retourne et trouve la maison balayée, bien rangée. Alors, il s'en va prendre sept autres esprits encore plus mauvais que lui, ils reviennent ensemble et s'installent là. finalement, l'état de cet homme est donc pire qu'au début." (Saint Luc 11:24-26).


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